• Dr BENSMAIL Salah Eddine
  • 0550 13 96 69
  • laser.constantine@gmail.com

Calculs du rein
Un nouveau traitement au laser par les voies naturelles

Les bénéfices du dernier traitement des calculs du rein ont récemment été exposés au congrès de l’Association américaine d’urologie aux Etats-Unis, à Orlando. Le Pr Olivier Traxer (chirurgien urologue à l’hôpital Tenon, à Paris) nous en explique­­ le principe.

Paris Match. Quand on parle de calculs du rein, en fait, de quoi s’agit-il ?

Pr Olivier Traxer. Pour cette maladie, on emploie deux termes : les “calculs” (constitués d’un amas de différents cristaux dont les plus fréquents sont l’oxalate de calcium) et la “lithiase” qui est le nom de la pathologie (le fait de développer des calculs), laquelle atteint 10 % de la population française. La cause la plus fréquente provient d’une alimentation trop salée, trop riche en protéines animales, en oxalate (surtout présent dans le chocolat)... et la plupart des malades ne boivent pas assez !

Quels symptômes font soupçonner l’existence d’un calcul ?
Pr O.T. Très souvent les calculs peuvent entraîner des douleurs lombaires et des coliques néphrétiques quand le calcul est bloqué dans le canal du rein ou uretère (crises très éprouvantes qui touchent 120 00 personnes en France chaque année). Le diagnostic s’établit donc au départ avec ces signes cliniques et se confirme au moyen d’un examen radiologique, le plus souvent par scanner.
Selon la taille, quand ces calculs sont encore localisés dans le rein, quels sont les traitements conventionnels ?
Pr O.T. Lorsqu’il s’agit de calculs inférieurs à 2 centimètres (la majorité des cas) et toujours localisés dans le rein, on propose un traitement par lithotritie extra-corporelle (ou LEC) qui peut s’effectuer sous anesthésie locale avec un appareil spécifique (anciennement surnommé “la baignoire”) destiné à fragmenter le calcul par ultrasons. Les fragments sont ensuite naturellement évacués par l’urine. Cette thérapie permet d’obtenir 60 à 70 % de bons résultats chez les 40 000 malades traités annuellement en France. Quand le calcul mesure plus de 2 centimètres, on envisage alors une chirurgie percutanée mini-invasive (avec une incision dans le dos de 1 centimètre) sous anesthésie générale. Cette technique donne d’excellents résultats : 95 % de succès chez les 2 500 patients opérés chaque année dans notre pays.
Et lorsque les calculs se sont engagés dans le canal de l’uretère, quels sont alors les traitements classiques ?
Pr O.T. Pour ceux dont la taille représente moins de 1 centimètre, on utilise là encore la technique de la lithotritie. Mais pour traiter les calculs de plus de 1 centimètre, on pratique – sous anesthésie générale – une chirurgie mini-invasive nommée “urétéroscopie”. Là, sous contrôle radiologique, l’urologue passe par les voies naturelles pour atteindre le calcul bloqué et le retirer. Cette intervention permet d’obtenir 95 % de bons résultats.
Quels sont les inconvénients de ces différents traitements conventionnels ?
Pr O.T. Avec la lithotritie, les ultrasons utilisés entraînent parfois des petits traumatismes sur le rein, provoquant saignements et hématomes. Autre problème : dans certains cas, le rein n’évacue pas les fragments résiduels... qui vont alors regrossir. Le procédé de la chirurgie percutanée impose de traverser le rein pour atteindre le calcul, d’où risques d’hémorragie (et ceux classiquement liés à la chirurgie en général). Dernier inconvénient : cette opération nécessite une hospitalisation de trois à quatre jours. Avec l’urétéroscopie, le risque majeur est d’abîmer l’uretère.
En quoi consiste le nouveau traitement au laser ?
Pr O.T. Il s’agit là d’un procédé qui s’effectue par les voies naturelles (sous anesthésie générale) pour, cette fois, aller chercher le calcul non seulement jusqu’à l’uretère mais jusqu’au rein ! L’urologue utilise un endoscope flexible très fin (2,5 millimètres de diamètre) et très long (70 centimètres) qui va permettre d’explorer les cavités du rein grâce à une minicaméra placée à l’intérieur de l’instrument. Une fois l’endoscope ­parvenu au contact du calcul, l’urologue introduit dans l’endoscope une fibre laser qui pulvérise le calcul (lequel se transforme en fines particules comparables à du sable). Les résidus vont alors s’évacuer, les jours suivants, dans les urines. Il faut compter une heure de traitement pour pulvériser 1 centimètre de calcul. Cette nouvelle technique, qui ne nécessite que 24 heures d’hospitalisation, a peu de contre-indications : essentiellement l’existence d’une maladie qui pourrait empêcher l’anesthésie générale. Elle permet même de répondre aux contre-­indications des traitements conventionnels.
Quels résultats a-t-on obtenus avec cette récente technique au laser ?
Pr O.T. Ce traitement, mis au point aux Etats-Unis, est utilisé dans l’Hexagone depuis seulement quelques années. Les résultats sont excellents : on obtient environ 90 % de succès.
Quelle que soit la technique utilisée, une fois le calcul évacué, peut-on craindre une récidive ?
Pr O.T. Oui, dans 60 % des cas, les patients atteints de lithiase récidivent dans les dix ans, d’où la nécessité d’une étroite surveillance. Mais surtout il faut faire analyser les urines et les calculs pour trouver la cause de leur formation. Il s’agit là d’une maladie dont il faut découvrir l’origine (telle, par exemple, une perte de calcium).
En résumé, quels sont les principaux avantages de cette dernière thérapie au laser ?
Pr O.T. Il y en a quatre principaux : 1. Elle permet de traiter la majorité des calculs (même certains au-delà de 2 centimètres). 2. Son efficacité de 90 % comporte un taux très faible de complications. 3. L’hospitalisation est très courte. 4. L’urologue passe par les voies naturelles, d’où l’absence de traumatisme et de cicatrice.
Paris Match